Claire Audhuy ou comment donner la parole à des gens qu’on entend peu

Mardi 24 novembre 2015, le lycée a reçu l’écrivain Claire Audhuy au CDI .
Auteur et metteur en scène de théâtre, elle a écrit des pièces sur les deux guerres, a recueilli de nombreux témoignages de survivants de la Shoah . A son actif , « Guerre sans visage »,« Mémoires vivantes » ( Première Guerre mondiale), « Une poignée de terre », « Les Auschwitz » ( Seconde Guerre mondiale) etc…,mais aussi un recueil de poèmes intitulé « Misères de vie », qui parle d’un jeune agriculteur rejeté par tout un village.
Les élèves de 2D12 de monsieur Petel avaient lu une sélection d’extraits de tous ces ouvrages, et travaillé sur l’écriture et le contexte historique ; ils avaient aussi préparé des panneaux d’exposition. Avec madame Billaud , ceux de 1ES3 avaient travaillé à partir de « Guerre sans visage » et avaient réfléchi à des questions suite à quelques lectures . S’inspirant de passages significatifs , ils avaient créé des affiches sur la Première Guerre mondiale avec madame Boué.
Il s’agissait donc dans les deux cas d’une approche à la fois littéraire et historique , amenant à une réflexion sur le devoir de mémoire et la citoyenneté.
Une exposition de toutes leurs affiches a été installée au CDI pour servir de lien avec la venue de l’auteur ; pendant un mois, elle permettra aussi à d’autres élèves de se documenter sur les deux guerres.

Claire Audhuy découvre tout d’abord cette exposition, juste avant d’accueillir les élèves. L’intervention du matin est destinée à la classe de 2D12 . Monsieur Petel annonce d’entrée de jeu que l’oeuvre de l’auteur a sensibilisé les élèves à l’Histoire. Ils ont été particulièrement émus par leurs recherches sur les camps de concentration. L’écrivain, Docteur en histoire, auteur d’une thèse sur le théâtre dans les camps de concentration, parle de l’injustice, des préjugés, du droit à la différence et de la nécessité de « rester dans la sphère de l’humanité ». A l’Histoire se mêlent des sujets d’actualité comme celui des réfugiés , celui de l’Europe. Elle évoque la déportation, la vie d’un déporté dans un camp , et explique que le théâtre dans les camps était « du divertissement qui rappelle qu’on est humain ».
Répondant à une question des élèves sur ce qui lui a donné envie d’écrire, elle raconte avoir trouvé un document d’archive intitulé « théâtre du front » dans sa famille, et découvert alors que les Poilus faisaient du théâtre. Point de départ d’une vocation chez Claire Audhuy, car « faire du théâtre peut sauver des vies » , même encore aujourd’hui, dans des camps de réfugiés. Les élèves voudraient savoir quelles lectures l’ont inspirée ; ce sont les bandes dessinées sur les sujets de société, les témoignages, la poésie …Elle évoque ensuite sa rencontre avec la déportée Francine Christophe , ce qui fait écho à une anecdote que leur avait racontée leur professeur d’histoire, madame Vialles , sur cette même déportée. L’écrivain va au devant des témoins, même à l’autre bout du monde, elle montre une facette du métier d’écrivain : la recherche de témoignages.
L’intervention se terminera par une discussion autour de « misères de vie » , et par la présentation des affiches par les élèves.

Les élèves de 1ES3 ont à leur tour échangé avec l’auteur l’après-midi.
C’est une élève qui pratique le théâtre qui ouvre la rencontre par deux lectures extraites de « Guerre sans visage » sous les yeux bienveillants de Claire Audhuy, qui a revêtu pour l’occasion sa casquette de metteur en scène. Cette dernière se présente aux élèves, parle de son cursus scolaire et universitaire : un témoignage sur l’orientation universitaire et particulièrement sur ce qu’est un doctorat. Les élèves de première expliquent ensuite leurs affiches sur la Première Guerre mondiale, moment d’échanges pendant lequel l’écrivain commente et complète ces connaissances historiques.
La deuxième heure est consacrée aux discussions autour des livres, de l’histoire et de l’actualité.
Il est question des camps de concentration, du théâtre clandestin destiné à « se trouver une dignité ».
De l’histoire à l’actualité, Claire Audhuy définit ainsi sa volonté d’écrire : « donner la parole à des gens qu’on entend peu ». Elle donne un sens à la nécessité de recueillir des témoignages, à cette transmission encore possible pour la Seconde Guerre mondiale. Suite à la question des élèves « Est-ce que c’est difficile de parler de quelque chose qu’on n’a pas vécu ? », le travail de l’écrivain se dévoile : l’auteur s’appuie sur les témoignages et la documentation .
L’inspiration ? Les bandes dessinées ( « Maus » de Spiegelman, Tardi en particulier), les films y compris les films d’animation…Puis l’écrivain dévoilera aux élèves ses passions personnelles…établissant avec les élèves une plus grande proximité .
Tous ces rapprochements qui mettent la littérature à la portée des élèves, qui donnent sens et vie aux livres et à l’Histoire. Une chance pour nos élèves ; merci à Claire Audhuy.

Article écrit par Carole Durant