Philosophie

Qu’est-ce que la philosophie ?

La philosophie est étymologiquement amour de la sagesse. Elle ne se ramène pas à une somme de connaissances, elle consiste plutôt en une manière d’exercer sa pensée.

Historique

Elle est née en Grèce au 5e siècle avant notre ère. Le contexte politique et social a été favorable à son apparition : la démocratie directe en place à Athènes favorisait le débat public ; le commerce pratiqué avec les pays bordant la Méditerranée obligeait les Grecs à s’ouvrir à d’autres mœurs et d’autres usages, enfin la pratique de l’esclavage constituait une dernière condition tristement favorable : elle laissait à certains hommes libres de loisir de cultiver leur esprit et de s’adonner à des pratiques désintéressées (sciences, arts, philosophie).

Socrate est aujourd’hui encore la figure emblématique de la philosophie. Né en –470, d’un père tailleur de pierres et d’une mère sage-femme, Socrate vécut très modestement et revendiqua sa pauvreté, gage de sa sincérité. Il passa sa vie à errer dans les rues d’Athènes, interrogeant le tout venant, jeune ou vieux, riche ou pauvre, citoyen ou esclave, pour nourrir sa pauvre réflexion et permettre à son interlocuteur de prendre conscience à la fois de la richesse insoupçonnée que son esprit renfermait, mais également de ses lacunes et de ses préjugés.

Si Socrate est tenu pour le père de la philosophie, il en est aussi le premier martyr. L’élite sociale le méprise. Socrate est une force vive de contestation, il bouscule les préjugés, les fausses certitudes, n’hésite pas à contester le système politique de son temps (démocratie directe qu’il qualifie de « régime des incompétents ») ainsi que les croyances religieuses en vigueur à Athènes (polythéisme). En somme, Socrate revendique sa liberté de pensée, et son seul « crime » est celui d’avoir voulu développer l’esprit critique de ses contemporains, estimant que tout citoyen vivant en démocratie, étant susceptible de participer à la vie politique, doit être en mesure d’exercer librement sa raison et de former un jugement éclairé. Socrate sera jugé pour corruption de la jeunesse et impiété, puis condamné à mort en –399. Il acceptera le verdict avec sérénité, prouvant par cette attitude que jamais il n’avait voulu agir contre la Cité, et que, jusqu’au terme de sa vie, il serait respectueux des lois.

L’enseignement philosophique aujourd’hui :

Restant fidèle à Socrate, l’enseignement philosophique, apanage des pays démocratiques, a conservé ce même objectif : favoriser l’autonomie intellectuelle.

Il fait son apparition en classe de terminale, à savoir au terme des études secondaires, car il nécessite une certaine maturité intellectuelle. Du fait de son arrivée tardive, l’enseignement philosophique peut être attendu avec un mélange de curiosité et de perplexité. De plus, le professeur de philosophie semble aller à l’encontre des habitudes scolaires adoptées jusqu’alors : l’élève ne peut se contenter de restituer des connaissances acquises. Il lui faut examiner le savoir reçu antérieurement, se questionner, douter de ce qu’il pensait définitivement acquis, soulever des problèmes, là où, autrefois, il n’en voyait aucun.

Le travail intellectuel demandé par cette discipline n’est certes pas négligeable. L’autonomie intellectuelle ne s’acquiert pas d’elle-même. Comme toute liberté, elle est le fruit d’un combat. Il faut s’affronter aux fausses certitudes, aux illusions, mais encore à sa propre paresse intellectuelle : il est tellement plus facile et plus confortable de se ranger à l’opinion du plus grand nombre ! Par ailleurs, la philosophie suppose des lectures, des méditations, l’acquisition de doctrines, car, pour être féconde, la pensée doit préalablement se nourrir de celle des auteurs. Ce travail peut paraître fastidieux, mais la liberté de pensée se paie à ce prix.

En un sens, la philosophie est aux antipodes des valeurs défendues par la société actuelle. Cette dernière est obnubilée par un souci de rentabilité immédiate, elle prône la facilité et la jouissance. Au contraire, la philosophie prend le temps de questionner, ne se hâte pas de répondre au problème posé et estime qu’on ne progresse pas dans la facilité mais dans l’effort. Porter un regard critique sur la société et sur les valeurs qu’elle défend, encourager ses élèves à se préserver de toute entreprise de manipulation, éveiller leur curiosité, leur étonnement et leur appétit de connaissances, au-delà de la préparation à l’examen du baccalauréat, tels sont les objectifs d’un professeur de philosophie.