Eva Almassy en un tour de main

Vendredi 13 mars 2015, 11 heures, CDI. Autour de l’écrivain, les élèves de 2D11 du lycée ont pris place. Elle lit un extrait de son texte «Carabosse» , suite allitérative , jeu d’écriture extrait du «Dictionnaire des Papous dans la tête». L’écrivain nous parle de sa passion pour Rimbaud et Verlaine. Elle évoque ses recherches documentaires pour écrire «Les cheveux de la poupée». Les élèves ont sélectionné des aphorismes extraits de son roman «Tous les jours»; ils les lui lisent, les commentent, et la voix d’Eva fait écho aux lecteurs, en ajoutant sa propre sensibilité à l’interprétation de ces aphorismes. Les sujets se succèdent, on parle du temps, le temps du livre; de la difficulté de se faire éditer. Eva Almassy parle alors de l’envie d’écrire, et tente d’entraîner dans cette aventure les adolescents qui auraient déjà en eux cette envie, ce don d’écrire, de placer les mots avec originalité, nouveauté, poésie. Nos élèves écoutent, émus, touchés: écrire, c’est aussi possible pour eux, c’est à leur portée; l’écrivain insuffle la confiance dans l’esprit de ces adolescents.
S’ensuivent alors des questions sur différents livres dont les élèves ont découvert des extraits.
Un élève qui a lu «Petit éloge des petites filles» pose des questions sur l’ouvrage .
«Autobiographie d’un fantöme et autres fictions » nous plonge dans l’univers d’une femme écrivain, Madeleine Delande, qui n’écrit qu’avec des gants. Les élèves de 2D11 ont bien travaillé sur le vocabulaire des mains et des gants, leurs symboles , mais ils vont découvrir la genèse des récits de la bouche de l’écrivain elle-même: le gant serait le costume de l’écrivain , la main étant son instrument de travail; les doigts ont toute une symbolique historique: on compte sur les doigts de multiples façons…Devant les élèves, c’est le processus de l’écriture, l’inspiration de l’auteur qui prennent vie. Eva elle-même porte-t-elle des gants pour écrire ? Elle répondra aux élèves qu’elle porte de multiples bagues, dont les combinaisons sont autant de récits potentiels.
L’écrivain émigrée de Hongrie parle des pays totalitaires et de la censure, expliquant son intêrêt pour les films d’Hitchcock dont elle a été privée dans sa jeunesse.
Monsieur Petel pose la question qui taraude souvent les élèves: «A quoi ça sert de lire ? », et l’écrivain répond que pour elle, d’origine hongroise, ça a été « apprendre la langue»; elle ajoute que «la lecture s’apparente à la pensée» puis attribue d’autres rôles à la lecture: «la lecture peut être un moment de partage», «le but de tout art c’est de toucher».
Quand il sera question de «Comme deux cerises», Eva nous expliquera que ces deux romans combinés dans un seul livre de la collection Vice-Verso , sont le fruit d’une commande de l’éditeur: il fallait une histoire d’amour et une histoire de rupture ( on y découvre deux jumelles, et des siamoises dans l’autre récit).A nouveau, l’auteur montrera qu’elle a fait des recherches sur le sujet ( les siamois) pour écrire ce livre.
La question de l’autobiographique dans l’oeuvre, question souvent posée à travers les cours de littérature, sera elle aussi évoquée.
Nos élèves se feront ensuite un plaisir de montrer leur travail de recherche , des panneaux d’exposition sur les thématiques rencontrées, les références littéraires à Rimbaud, Pérec…

La variété des écrits , leur pureté , la passion d’Eva Almassy pour l’écriture et sa transmission ont fait de cette journée un moment féérique et révélateur pour tous.

Article écrit par Carole Durant